Mon article dans Kometa : L’enfant comète de Terezín
En 2011, j’ai croisé la trajectoire stupéfiante d’un très jeune poète sous la forme d’un vaste corpus d’archives conservé dans un mémorial tchèque. Hanuš Hachenburg fut déporté à 13 ans dans le ghetto juif de Terezín (Theresienstadt). Quand on découvre un auteur si puissant, si lumineux, dont les textes nous sont parvenus par miracle à travers la nuit concentrationnaire, on ne peut pas continuer sa route comme si de rien n’était. Alors, avec Claire Audhuy, j’ai fait deux fois le tour du monde pour rencontrer des témoins qui se souviennent de Hanuš.

Arrivée d'une famille de déportés à Terezín, revue clandestine Vedem — Mémorial de Terezín
Je lui ai consacré un film documentaire (Le Fantôme de Theresienstadt) et un livre qui raconte son histoire à la manière d’un récit personnel, ou d’un « roman sans fiction » : L’Enfant comète (Plon/Rodéo d’âme, paru au printemps 2025). Mon article dans Kometa donne un bref aperçu de cette histoire que j’essaie de faire connaître depuis près de quinze ans. À chaque fois, j’ai l’impression de partager une lumière, de transmettre le feu, de garder ce garçon vivant, malgré tout. En 1943, Hanuš écrivait : « Aujourd’hui, je me suis dit que le cœur est un feu, et je n’ai pas la force d’éteindre ce feu. »
Un article à retrouver dans le numéro 9 de Kometa

L’info que j’ai retenue pour vous
Le portrait d’un ami psychiatre strasbourgeois dans Rue89 Strasbourg : Georges Federmann milite depuis des lustres pour la paix ici et ailleurs, pour une hospitalité inconditionnelle et pour une médecine plus humaine. Sur Georges et ses patients, allez voir le film de Swen de Pauw, Le Divan du monde : bouleversant !
La date qui m’a marquée
Le 18 décembre 1942 : fondation de la « République de ŠKID », un régime imaginaire et autogéré par 40 garçons tchèques de la chambrée 1 du ghetto de Theresienstadt. Elle n’a jamais été officiellement dissoute. Sa devise : « Chaque homme est notre frère » !
Une raison d’espérer
L’apparition et le maintien de « tiers-lieux » qui sont comme d’essentielles « oasis de fraternité » (Edgar Morin). On y mange, on y lit, on y écrit et on y partage sa vie en refaisant le monde : Le Bruit qui court (Kaysersberg), L’Atelier 152 (Schiltigheim), L’École Buissonnière (Montigny-en-Gohelle), La Turmelière (Liré-Orée d’Anjou), les librairies-cafés Bonny & Read (Argentat-sur-Dordogne), L’Angle Rouge (Douarnenez), Youpi ! (Avignon), etc.
Le livre que je recommande
Pour un livre très accessible et formidable sur le ghetto de Terezín, lisez Une île, une forteresse, d’Hélène Gaudy !
Et n’importe quel livre des éditions Gallmeister…

Photo prise par le délégué du Comité International de la Croix-Rouge, crédule de la propagande nazie lors de sa visite à Terezín en 1944 — CICR
Le film que je recommande
From Ground Zero, un ensemble de 22 films réalisés par des Gazaouis au début des bombardements sur l’enclave palestinienne. Dans l’un d’eux, un homme raconte d’une voix parfaitement égale qu’en 24 heures, il a été extrait par trois fois des décombres d’immeubles bombardés par Tsahal. On peut voir ce film ici.
Une phrase qui m’inspire
L’un des exergues de L’Enfant comète : « La littérature crée la possibilité d’une parole vraie d’être à être, en échappant aux fantômes. » (Franz Kafka, Lettre à Max Brod 25 octobre 1923)