Il y a trente ans, la diffusion des terribles images du génocide des Tutsi bouleversa la communauté internationale, pourtant elle n’empêcha pas la mort de 800 000 personnes. L’artiste Alfredo Jaar, présent à Kigali dans les camps de réfugiés, fit le choix de cacher ses photographies, conscient qu’elles seraient noyées dans ce contexte.

Ces images invisibles, l’écrivain et chanteur Gaël Faye, parrain de ce numéro, les a vues enfant. Elles hantent encore ses rêves et ceux de sa famille. Pour avancer, il a choisi les mots.

Aujourd’hui, d’autres massacres saturent nos écrans. Faut-il les montrer ? Ou, comme Susan Sontag, croire au pouvoir des récits plutôt qu’au choc des photos ?

Dans ce numéro 9, des écrivains, photographes et journalistes témoignent des cicatrices mais aussi des chemins de pardon, d’éducation et d’imagination qui permettent de résister.

De Gaza à l’Ukraine, de la Russie à la Turquie, nous avons voulu interroger ce que nous laissons en héritage à nos enfants, et comment préserver leur capacité à espérer et à inventer.

Au sommaire

  • « Au Rwanda, le prisme ethnique n’est plus une grille de lecture ». Une Interview de Gaël Faye, parrain du numéro.
  • Le petit Rimbaud du camp de Terezín, par Baptiste Cogitore.
  • En Russie, des jeux vidéo made in Kremlin, par Iegor Gran.
  • En Ukraine, le frère retrouvé, par Aliénor Carrière.
  • À Gaza, grandir sans haine, par Rami Abou Jamous.
  • En Turquie, Ahmet Altan, la prison, l’écriture et la vie, par Delphine Minoui.
  • « Mon vendredi 13 », cinq photographes racontent le jour où Israël a bombardé l’Iran.
  • Les mafias gouvernent-elles le monde ? Trois chercheurs répondent.

Pardonner les vivants

Trente ans après le génocide, Gaël Faye s’est installé au Rwanda, le pays de sa mère. L’auteur de Petit Pays et Jacaranda, raconte dans Kometa n°9 comment il a appris à dépasser la haine et à cultiver l’espoir de transmettre à ses filles un monde apaisé. À découvrir pour comprendre comment la mémoire peut devenir un moteur d’espoir.

En images : victimes et bourreaux. Découvrez les images du photographe néerlandais Jan Banning qui sillonne le Rwanda à la rencontre de survivants et d’assassins réconciliés.


Retrouver Sergueï

Son « grand frère » était un enfant de Tchernobyl. Aliénor Carrière part à sa recherche en Ukraine et découvre un homme reclus, critique de son pays et de Zelensky. Une rencontre intime et touchante à ne pas manquer.


Grandir sans haine à Gaza

Plongez dans ce quotidien où l’imaginaire devient une protection. À Gaza, le journaliste Rami Abou Jamous crée une bulle autour de son fils de 3 ans pour le protéger des traumatismes et du désir de vengeance. Les bombardements deviennent des feux d’artifice, les drones jouent avec les oiseaux, et la tente-refuge est baptisée villa. Mais la guerre dure, l’enfant grandit, et comprend.

En images : enfance en Palestine. Le photographe palestinien Sakir Khader scrute la capacité des habitants de Cisjordanie à construire leur vie malgré la violence, la peur et l’oppression.


L’enfant poète assassiné

À 13 ans, au camp de concentration de Terezín, Hanuš Hachenburg invente avec d’autres adolescents juifs un futur libre. Ils publient un journal clandestin, une pièce antinazie et composent un hymne. Une histoire que nous fait découvrir Baptiste Cogitore, qui exalte le pouvoir de l’imagination face à l’oppression.


Jouons ensemble avec Poutine

En Russie, le dernier jeu vidéo à la mode, soutenu par le Kremlin, met en scène le meurtre d’Ukrainiens. Mais les enfants russes préfèrent les jeux occidentaux. L’écrivain Iegor Gran infiltre et décrypte ces parties de soft power.


« Aucune puissance ne dépasse celle de l’écriture »

Auteur de Madame Hayat, conçu pendant sa détention arbitraire qui a duré six ans, le grand écrivain turc Ahmet Altan est aujourd’hui maintenu en résidence surveillée. Mais il refuse de se taire. Delphine Minoui l’a rencontré.


Les mafias gouvernent-elles le monde ?

Plongez-vous dans ce dossier pour comprendre comment le crime organisé façonne le monde. Entretiens avec Antonio Nicaso et Antoine Vitkine, journalistes, et Constantin Sigov, philosophe, pour comprendre le fonctionnement des pègres italienne, chinoise et russe.

En images : les années de sang. Née à Palerme en 1935, la photographe Letizia Battaglia documente sans relâche la mafia sicilienne. Après l’assassinat en 1992 de ses amis juges Falcone et Borsellino, elle cesse de photographier les scènes de crimes. 


« Notre vendredi 13 »

Où étiez-vous le 13 juin à 3h30 quand Israël a commencé à bombarder l’Iran ? Les photographes Hashem Shakeri à Téhéran, Mahka Eslami à New York, Ofir Berman à Tel Aviv, Soliman Hijjy à Gaza, Gabriel Ferneini à Beyrouth racontent. Le journaliste Pierre Haski éclaire les enjeux géopolitiques.

La "reko" de Kometa

Avec Badjens (Seuil, 2024), Delphine Minoui raconte le portrait d’une adolescente iranienne de 16 ans, au cœur de la révolte « Femme, Vie, Liberté ». Entre oppression familiale, premières amours et désir de liberté, la voix de son héroïne claque, tendre et effrontée, à l’image de cette jeunesse en ébullition.


À noter :

16 septembre

SOIRÉE SPÉCIALE "BADJENS" : FEMME, VIE, LIBERTÉ

Une lecture-performance vibrante imaginée par Delphine Minoui, où littérature, théâtre et musique se rencontrent. Avec la voix de la comédienne Alice Rahimi, le chant de Hura Mirshekari et la guitare de Renaud Satre, le roman Badjens prend vie pour rendre hommage à Mahsa Amini et aux jeunes Iraniennes qui se battent pour leur liberté.
La représentation sera suivie d’un débat et d’une séance de dédicace avec Delphine Minoui.

A propos de Kometa

Née du choc du retour de la guerre sur le continent européen, Kometa raconte le monde partout où il bascule, de l’intérieur, à travers les regards de celles et ceux qui le vivent.

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