La newsletter de Kometa devient La Comète : même éclat, nouvelle trajectoire. Chaque semaine, une voix de la revue nous aidera à regarder le monde autrement. Iegor Gran ouvre le bal, en explorant les jeux vidéo patriotiques russes, un adolescent condamné pour « terrorisme » dans Minecraft, et un Trump-tsar volant larguant des déjections grâce à l’IA. Une dystopie hélas bien réelle.

Bonjour, c'est Iegor Gran

J’aurais pu naître dans une famille de fervents croyants communistes, mais j’ai préféré celle de l’écrivain dissident Andreï Siniavski, qui m’a transmis une appétence pour le grotesque, le fantastique et l’humour noir. Né à Moscou en 1964, j’ai grandi en France, entre deux langues et deux mondes qui ne se comprenaient pas.

Lauréat du Grand Prix de l’humour noir pour ONG ! et chroniqueur à Charlie Hebdo, j’ai écrit seize romans parus aux éditions P.O.L et Folio Gallimard, dont Les Services compétents (2020) et Z comme zombie (2022), où je raconte les rouages profonds de cette Russie qui souhaite la destruction de l’Ukraine.

Iegor Gran

Ecrivain

Récit

“Jouons ensemble avec Poutine”

Dans le numéro 9 de Kometa, je me suis plongé dans un monde étrange et inquiétant : les jeux vidéo patriotiques russes.

Financés par le Kremlin, ces jeux transforment les enfants en apprentis soldats et célèbrent la guerre comme un loisir. Pourtant, malgré la propagande et les millions investis, les jeunes Russes préfèrent les univers occidentaux.


Dans « The Control Refresh », la photographe Toma Gerzha est partie à la rencontre de la génération Z sur tout le territoire russe. © Toma Gerzha


Écrire cet article a été un exercice de décryptage : montrer la violence et l’absurdité, observer la propagande tout en laissant entrevoir les résistances discrètes des joueurs, leurs piratages, leurs détournements. Avec les risques que cela comporte. En 2022, Nikita Ouvarov, 16 ans, a pris cinq ans ferme pour terrorisme après avoir voulu faire exploser un bâtiment du FSB… dans Minecraft.

J’ai suivi ces manœuvres subtiles, entre critique, humour noir et observation minutieuse, pour rendre tangible un monde où le réel et le virtuel se confondent dangereusement.

Même dans les recoins les plus absurdes de la propagande, l’esprit humain trouve toujours un moyen de s’échapper. Les enfants russes jouent… mais ils rêvent ailleurs.

Retrouvez l’intégralité du récit de Iegor Gran dans Kometa 9

L’actu que j’ai retenue

À bord de son avion de chasse et portant fièrement sa couronne de tsar des États-Unis, Donald Trump balance de la merde générée par l'IA sur la tête de la foule américaine qui manifeste contre lui. Aucune fiction n'aurait pu le prévoir – et c'est pourtant la réalité (métaphorique, ndlr) de 2025.

Dans une vidéo générée par l'IA et publiée sur son réseau social Truth, Donald Trump se moque du mouvement " No Kings". À bord d'un avion portant la mention "King Trump", il survole la foule et déverse du fumier sur les manifestants.

Une raison d’espérer

Avec application, les gentils drones ukrainiens pulvérisent les infrastructures pétro-gazières des Russes. La Russie profonde va enfin sentir dans sa peau le poids de sa folie impérialiste.

Une phrase qui m'inspire

En ces temps troubles pour la démocratie, je n'arrête pas de penser à cette phrase du « diable boiteux » :

« Agiter le peuple avant de s'en servir, sage maxime. » 

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord

La “reko” de Kometa

Par Haydée Sabéran, rédactrice en chef adjointe

Dans « Une vie ordinaire », Katia et Youliya redécouvrent leur liberté, volée dès le plus jeune âge. © Alexander Kusnetsov


Une vie ordinaire, un film documentaire d'Alexander Kuznetsov

« Quand tu seras grand, tu partiras à la guerre, dit Youlia à son fils, le nourrissant à la becquée. On te félicitera, l’orchestre jouera en ton honneur. » À la télé, défilé militaire, sur la Place Rouge. C’est le 9 mai, la commémoration de la victoire sur le nazisme.

Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, je me demande souvent ce qui se passe dans la tête des Russes. Anna Colin Lebedev, sociologue et membre du comité consultatif de Kometa, qui observe depuis des années la « brutalisation » de la société russe et ce glissement vers la glorification de la guerre, m’a conseillé Une vie ordinaire, du documentariste russe Alexander Kuznetsov, en salles mercredi prochain. Un film très Kometa : il nous fait vivre d’autres vies que les nôtres.

C’est l’histoire, racontée avec douceur, de Katia et Youlia. Elles se rencontrent en hôpital psychiatrique, placées là par erreur après l’orphelinat. Elles réussissent à sortir en 2015, après six ans de recours, tombent amoureuses, fondent une famille. Mais sortant de l’asile, dit la voix de Kuznetsov, elles rentrent dans un autre asile de fous : la Russie de Poutine.

Le film commence avec des images de manifs antiguerre, le 24 février 2022. Il se termine avec des spectacles militaires, dont raffolent Katia et Youlia. Kuznetsov, qui filme ces femmes depuis presque quinze ans, dénonce sans hurler. En nous laissant les aimer.

Une vie ordinaire d'Alexander Kusnetsov, 1h34, en salles le 29 octobre 2025

Le jeu de la Comète

Pour terminer, nous vous proposons une devinette !

L’objectif : identifier le lieu vers lequel vous emmène la prochaine newsletter de Kometa, en cliquant ici (sur ordinateur pour une meilleure expérience !)

Cette semaine, nous vous téléportons sur cette place… où êtes-vous ? 👀


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