Mon reportage dans Kometa : “Jungle contre junte”
Merci à Kometa de publier ce reportage sur le conflit non pas oublié (c’est trop facile) mais ignoré (ce qui engage une responsabilité) qui ravage la Birmanie depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021. Une ignorance d’autant plus impardonnable en France que ses ressortissants constituaient le premier groupe de touristes européens avant le Covid et le coup.

Villageois et personnes déplacées en consultation médicale sous une tente de médics des Free Burma Rangers. — © Thierry Falise
Une région et une révolution
Depuis, je me suis rendu clandestinement à plusieurs reprises pour des séjours de trois à quatre semaines dans l’État Karenni, une des régions peuplées de minorités ethniques frontalières de la Thaïlande. Une région symbolique d’une révolution menée par une génération de jeunes qui s’est vu priver brutalement d’une liberté qu’elle avait eu la chance de vivre pendant une décennie.
J’ai choisi comme angle ces jeunes médecins et infirmier(e)s qui ont trouvé refuge dans la jungle où ils ont créé, en collaboration avec des mouvements d’opposition armés, un réseau d’hôpitaux et de cliniques clandestins afin de venir en aide aux civils et rebelles victimes de la guerre civile.

Des jeunes recrues d’un nouveau groupe armé en lutte contre l’armée birmane s’entraînent dans un camp de base de la région de l’État karenni. — © Thierry Falise
Pusillanimité occidentale
Chaque jour, ces jeunes sauvent des vies, tout en risquant la leur, dans une révolution qui s’est étendue à travers tout le pays mais qui, faute de coordination, d’unité et d’accord politique, risque de s’éterniser de longues années.
Dernière anecdote personnelle, et significative de la pusillanimité occidentale, un ancien ambassadeur de France en Birmanie a tenté (via un de ses collègues) de me dissuader de (re)traverser la frontière birmano-thaïe. Le plénipotentiaire craignait sans doute un surcroît de travail dans l’hypothèse terrifiante où la junte birmane me fasse prisonnier. Dommage, il aurait pu bénéficier sans frais d’informations de première main sur le conflit qui ravage son pays d’affectation.

Une statue de la Vierge Marie à l’entrée de l’hôpital Luke, dans une région de l’État karenni où se côtoient catholicisme, baptisme, bouddhisme et animisme. — © Thierry Falise
Un article à retrouver dans le Kometa 9, Ce que raconteront nos enfants.