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Bonjour, c’est Thierry Falise,

Photojournaliste, j'ai contracté le virus sud-est asiatique et son variant de Birmanie il y a près de quarante ans lors d'un reportage sur la rébellion karen. J’ai ensuite développé une passion pour ce pays que j’ai parcouru dans – presque – tous les sens et dont je me suis rapproché en m'installant à Bangkok en 1991. Ce « hub siamois » fut aussi la base de départ pour de nombreux reportages au Cambodge, en Thaïlande, en Inde et au-delà. J’ai connu les dernières années de l’âge d’or du photojournalisme, une époque où les médias papier se gavaient de photos et de textes, où le temps passé sur le terrain n’était pas une contrainte. 

Je ne vous ferai pas le couplet du « c’était mieux avant »… Quoique… je me suis donc diversifié : écriture de livres dont une biographie d’Aung San Suu Kyi (Le jasmin ou la Lune), un livre-photos (Burmese Shadows), deux romans, dont le dernier (2022) Le Roi des autres, se déroule aux îles Andaman… à quelques encablures de la Birmanie, conférences sur ce pays, ateliers médias pour les jeunes journalistes des minorités ethniques et le personnel du parlement à Naypyidaw, la capitale birmane. Il y a aussi la peinture (aquarelle, crayon, fusain) dont plusieurs de mes séries se sont retrouvées dans une collection privée.

Mon reportage dans Kometa :Jungle contre junte”

Merci à Kometa de publier ce reportage sur le conflit non pas oublié (c’est trop facile) mais ignoré (ce qui engage une responsabilité) qui ravage la Birmanie depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021. Une ignorance d’autant plus impardonnable en France que ses ressortissants constituaient le premier groupe de touristes européens avant le Covid et le coup.

Villageois et personnes déplacées en consultation médicale sous une tente de médics des Free Burma Rangers. © Thierry Falise


Une région et une révolution

Depuis, je me suis rendu clandestinement à plusieurs reprises pour des séjours de trois à quatre semaines dans l’État Karenni, une des régions peuplées de minorités ethniques frontalières de la Thaïlande. Une région symbolique d’une révolution menée par une génération de jeunes qui s’est vu priver brutalement d’une liberté qu’elle avait eu la chance de vivre pendant une décennie.

J’ai choisi comme angle ces jeunes médecins et infirmier(e)s qui ont trouvé refuge dans la jungle où ils ont créé, en collaboration avec des mouvements d’opposition armés, un réseau d’hôpitaux et de cliniques clandestins afin de venir en aide aux civils et rebelles victimes de la guerre civile. 

Des jeunes recrues d’un nouveau groupe armé en lutte contre l’armée birmane s’entraînent dans un camp de base de la région de l’État karenni. © Thierry Falise

Pusillanimité occidentale

Chaque jour, ces jeunes sauvent des vies, tout en risquant la leur, dans une révolution qui s’est étendue à travers tout le pays mais qui, faute de coordination, d’unité et d’accord politique, risque de s’éterniser de longues années.

Dernière anecdote personnelle, et significative de la pusillanimité occidentale, un ancien ambassadeur de France en Birmanie a tenté (via un de ses collègues) de me dissuader de (re)traverser la frontière birmano-thaïe. Le plénipotentiaire craignait sans doute un surcroît de travail dans l’hypothèse terrifiante où la junte birmane me fasse prisonnier. Dommage, il aurait pu bénéficier sans frais d’informations de première main sur le conflit qui ravage son pays d’affectation.

Une statue de la Vierge Marie à l’entrée de l’hôpital Luke, dans une région de l’État karenni où se côtoient catholicisme, baptisme, bouddhisme et animisme. © Thierry Falise

Un article à retrouver dans le Kometa 9, Ce que raconteront nos enfants.

L’info que j’ai retenue

Ouverture du marché du travail en Thaïlande aux réfugiés birmans (plus de 100 000 répartis dans neuf camps) dont une grande partie sont nés dans les camps.

https://www.irrawaddy.com/in-person/interview/thai-move-to-let-myanmar-refugees-work-a-historic-step-says-tbc-director.html


L’évènement qui m’a marqué 

La catastrophe du bois du Cazier, un charbonnage près de Charleroi (Belgique), ma ville natale, où le 8 août 1956 un incendie provoqua la mort de 262 mineurs, dont une majorité de migrants italiens. Cette catastrophe a contribué à l’amélioration des conditions de travail et de la sécurité des mineurs en Belgique et en Europe. 

Sur un plan très personnel j’aime imaginer qu’elle a marqué mes premiers pas de journaliste, lorsque dans le ventre de ma mère j’accompagnais mes parents venus comme tant de badauds se renseigner aux grilles du charbonnage.


Les livres et les films que je recommande

Livres :

• Les Racines du ciel (1956) de Romain Gary, un grand roman sur la protection de la nature 

• L’œuvre complète de John le Carré (à lire de préférence en anglais)

Films :

Walkabout (1971) de Nicolas Roeg, un parcours initiatique, un amour impossible dans les somptueux paysages de l’outback australien.

Les Graines du figuier sauvage (2024) de Mohammad Rasoulof, un drame familial sur fond de protestations populaires en Iran.


Une phrase qui m’inspire

« La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté. » 

Elie Wiesel

La "reko" de Kometa

Chaque édition du Live Magazine est un moment suspendu : journalistes, auteurs ou artistes montent sur scène pour raconter une “histoire enquêtée” qu’ils n'ont encore jamais dite en public. Pas d’enregistrement – car oui, c'est vraiment du live – ni de sommaire. Rien n’est joué, tout est vrai et c’est bouleversant. Un journal en chair et en os, qu’on compulse à l’unisson.

La semaine prochaine, le Live part à l'assaut du Grand Rex, la salle mythique de Paris, et deux soirs de suite ! Il ne reste que quelques places. Ne tardez pas, laissez-vous surprendre, c’est un moment à vivre absolument.

A propos de Kometa

Née du choc du retour de la guerre sur le continent européen, Kometa raconte le monde partout où il bascule, de l’intérieur, à travers les regards de celles et ceux qui le vivent.

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