Chaque semaine, même éclat, nouvelle trajectoire sur La Comète, la newsletter de Kometa qui illumine les recoins de liberté. Cette semaine, la photographe Julie Joubert nous plonge dans “Patria Nostra”, sa série sur les jeunes recrues de la Légion étrangère. Entre hypervirilité imposée et vulnérabilités révélées, elle interroge ce que s’armer signifie vraiment : se protéger, se transformer ou se reconstruire.  Photographie issue du projet “Patria Nostra”. — © Julie Joubert |
|
|
Bonjour, c’est Julie JoubertJe suis photographe et je m’intéresse aux sujets liés à l’identité, la jeunesse et les représentations du masculin entre une approche plasticienne et documentaire. À travers mes photographies, j’aime révéler à la fois la force de l’individu et sa vulnérabilité face au monde qui l’entoure. Cette année, vous avez peut être vu mon travail aux Rencontres d’Arles (prix du public du Prix découverte Louis Roederer), à la villa Noailles pour le Festival international de mode et de photographie de Hyères (mention spéciale du Jury) ou encore au 68e Salon de Montrouge. https://www.juliejoubert.com |
|
|
 | Julie Joubert Photographe |
|
MES PHOTOGRAPHIES DANS “KOMETA” La Légion étrangère, corps d’élite de l’armée française, a pour singularité d’accueillir des hommes venus du monde entier qui ont tout quitté – patrie, langue, famille, culture – dans l’espoir d’une nouvelle vie. Certains fuient la guerre ou la misère, d’autres la justice de leur pays, quelques-uns sont simplement en quête d’aventure afin de donner un sens à leur vie. À l’issue d’une sélection exigeante, ils se voient attribuer une nouvelle identité : une renaissance comme la promesse d’une seconde chance.  Photographie issue du projet “Patria Nostra". — © Julie Joubert
Pendant deux ans, je me suis immergée dans plusieurs structures de la Légion en France, notamment à Aubagne, Castelnaudary, Nîmes, au fort de Nogent ou encore au camp de La Courtine dans la Creuse. Dans cet univers clos et codifié, j’ai réalisé un corpus d’une soixantaine de photographies afin de documenter les débuts du parcours des jeunes recrues: leur sélection, leur formation et leur intégration dans les régiments opérationnels. Dès mes premières immersions, j’ai été confrontée à l’uniformité imposée à travers les rituels militaires: le rasage de crâne, le délestage de tout objet personnel, l’attribution d’uniformes identiques, les entraînements intensifs destinés à forger un corps nouveau. Tout concourt à effacer le passé pour façonner un homme neuf, intégré à une fraternité qui devient famille de substitution. |
|
|
Hypervirilité et vulnérabilité Face à cette homogénéité où les singularités semblent se dissoudre, j’ai cherché à redonner une place à l’humain, à révéler les nuances derrière la rigueur militaire. Les individualités s’affirment alors à travers la frontalité de certains portraits et l’apparition de tatouages nous donnent des indices sur un passé parfois trop lourd. Entre l’hypervirilité de ces corps en mutation et la vulnérabilité qui peut apparaître à travers certains gestes, j’ai cherché à proposer une vision plus sensible, à l’encontre de l’imagerie officielle. Au-delà du cadre militaire, ce travail questionne des thèmes universels : le déracinement, la quête d’appartenance, la reconstruction de soi. Ma série “Patria Nostra” devient ainsi une réflexion sur nos origines, nos identités mouvantes et la place que chacun cherche à se construire dans la société contemporaine.  Photographie issue du projet “Patria Nostra”. — © Julie Joubert |
|
|
Retrouvez les photographies de la série “Patria Nostra” de Julie Joubert sur la Légion étrangère dans la rubrique Perspectives “S’armer, est-ce se protéger?” du Kometa n°10.  |
|
|
Un événement qui m’a marquée |
|
Le film que je recommande Le documentaire Law and Order de Frederick Wiseman, sorti en 1969 et que j’ai découvert récemment. La vie d’un commissariat dans un quartier chaud de Kansas City (Missouri), après les assassinats de Martin Luther King et Robert Kennedy, et les émeutes raciales de Chicago.  |
|
|
Une phrase qui m’inspire “La beauté est l’éclat soudain de la violence.” — Georges Bataille |
|
|
Kometa est un média indépendant, sans publicité, qui existe grâce à ses lecteurs. Soutenez cette liberté en vous abonnant ou en offrant un abonnement.  |
|
|
La “reko” de KometaPar Léna Mauger, rédactrice en chef Vincent Munier, Le Chant des forêts (2025)  Après La Panthère des neiges, le photographe et cinéaste Vincent Munier réalise un nouveau film, Le Chant des forêts, en salles le 17 décembre. Parrain de notre numéro actuellement en librairie, Bête dans un monde humain, dans lequel il signe un entretien inédit et un portfolio, Vincent Munier interroge le lien entre nature, héritage et disparition, et nous parle d’ensauvagement, de transmission, de ces heures d’affût où le temps se plie: le passage furtif d’un cerf, l’apparition d’un grand tétras, les rencontres suspendues avec une chouette ou un lynx. Son film prolonge ces gestes: avec des images d’une beauté époustouflante, presque hypnotique, il est une invitation à écouter la forêt et à aimer ce que nous sommes sur le point de perdre. |
|
|
L’agenda de KometaKometa sera présent aux Arcs Film Festival du 13 au 20 décembre. Avec notre rédactrice en chef Léna Mauger et le photographe Vincent Munier, deux conversations pour saisir ce qui traverse notre époque : penser la démocratie, et renouer avec le vivant. Le Chant des forêts sera projeté en avant-première aux Arcs. |
|
|
Le jeu de la ComèteIl y a quelques jours, la Comète vous emmenait justement voir le mur de Nîmes où est inscrit la devise de a Légion étrangère dans les Forces armées françaises. Pour cette nouvelle édition, saurez-vous deviner où passe La Comète la semaine prochaine ? 👀 Pour jouer, cliquez 👉 ici | | |
|
|
|
Recommandez Kometa à vos amisPartager sur les réseaux sociaux |
|
Chaque semaine des récits, des photographies et des recommandations culturelles inédites |
|
|
|