Nos newsletters font une pause estivale. Avant leur retour programmé pour le jeudi 4 septembre, l’équipe de Kometa vous donne quelques idées de lecture pour accompagner votre mois d’août. A toutes celles et ceux qui en prennent, bonnes vacances et à très vite !
• Christine Debiais Brendle, responsable commerciale:
Deux livres d’auteurs Kometa à savourer, sur le thème commun de la résistance des faibles:

- Les Services compétents, de Iegor Gran (POL, 2020, Folio, 2021).
Dans la Russie des années 1960, un cadre du KGB traque un auteur qui parvient à publier en Occident. Souvent très drôle et tendre, l’histoire des parents de l’auteur.

- Radio Vladimir, de Filipp Dzyadko (Stock, 2025).
Des années plus tard, toujours en Russie, c’est désormais le FSB qui ne tolère aucune dissidence. L’évocation d’un personnage que l’auteur pensait avoir inventé – l’animateur persécuté d’une radio clandestine dont il est l’unique auditeur. La réalité dépasse la fiction – avec une jolie mise en valeur d’une lignée de courageux résistants.
• Perrine Daubas, directrice générale:

Plouhéran d’Isabel Del Real (Delcourt, 2024)
«Vous allez où comme ça? — En Iran. — À vélo ?!» Comme un pari devenu trop sérieux pour être annulé, Isabel Del Real part de Plouër-sur-Rance (Bretagne) pour rallier Téhéran sur un vélo fabriqué de ses mains dans le garage familial. Plouhéran raconte son odyssée aux dénivelés étourdissants entre loups, flâneries, nuits magiques ou terrifiantes, hospitalités et amitiés inattendues. Et surtout, une question: comment habiter ce monde ? Une traversée des géographies intimes et culturelles, une heureuse fuite en avant servie par un dessin né sur le tard mais déjà si libre. En bref, une BD bluffante qui vous donnera envie de partir (ou pas).
• Léna Mauger, rédactrice en chef

Chambre 207, de Jean-Michel André (Actes Sud, 2024). Et en exposition à Arles cet été.
«Le 4 août 1983 j’étais sur la route, avec mon père, sa nouvelle compagne et sa fille. C’était l’année de mes sept ans. Nous étions en partance pour la Corse, il était tard et nos parents ont décidé de s’arrêter à Avignon pour y passer la nuit. Ils ont retenu deux chambres au Sofitel, dans le quartier de la Balance, près du Palais des Papes. La chambre des enfants était la 207: j’y ai laissé ma mémoire et mon enfance. Cette nuit-là, sept personnes ont été assassinées dont mon père et sa compagne. L’affaire n’a jamais été entièrement élucidée, mais l’enquête a néanmoins fait apparaître un mobile : une tentative de hold-up menée par des malfaiteurs “sans envergure” qui a dégénéré en carnage. Les circonstances du massacre sont restées imprécises.»
Cette nuit-là, sous le choc, Jean-Michel André perd la mémoire. Trente ans plus tard, devenu photographe, il entame des recherches, collecte des documents, se rend sur les lieux du drame à Avignon, en Corse, la destination de vacances d’août 1983, en Allemagne où son père exerçait pour les Affaires étrangères, et au Sénégal, où il avait passé sa petite enfance avec ses parents.
Le résultat est un récit visuel pudique, qui esquive le spectaculaire pour explorer les traces, les absences, les silences. Chaque image, rassemblée dans un livre et une exposition cet été aux Rencontres d’Arles, semble retenir son souffle, dans une tension entre mémoire et oubli. Chambre 207 est autant un geste de réparation qu’un poème visuel sur la perte.
• Maxime Froissant, responsable des développements numériques:

Bien-être, de Nathan Hill (Gallimard, 2024)
C’est un livre qui parle du pouvoir des histoires, et surtout de celles qu’on se raconte à soi-même. Une universitaire américaine spécialiste de psychologie comportementale vit une double crise de la quarantaine et du couple. Quand elle a cette révélation: et si l’effet placebo pouvait aussi guérir les histoires d’amour? Un roman foisonnant, ultra-documenté, et souvent très drôle.
• Clément Balta, chef d’édition

Et j’ai suivi le vent, d’Anne-France Dautheville (Payot, 2017)
D’où vient le vent? Tenter de répondre à cette volatile question, c’est risqué d’aller à contre-courant. Alors que suivre le vent, en voilà une philosophie porteuse! C’est celle d’Anne-France Dautheville, première femme à réaliser un tour du monde à moto. Avec un slogan tout kométien en guise de viatique: «Le monde bascule, les continents explosent, roule ma kawa, va ma moto!» Constat ô combien contemporain, qui pourtant se trame au début des années 1970. C’est l’histoire d’une jeune journaliste, pas même trentenaire, qui décide par défi et presque sur un coup de tête de partir loin, très loin, pour prouver à sa rédaction – elle bosse alors pour un magazine qui s’appelle Champion – que ce titre se conjugue au féminin. Et qu’elle n’a besoin de personne pour rouler en Harley Davidson, ou presque. Sur une petite Kawasaki 250, 360 pages de road trip époustouflant à travers le Canada, l’Alaska, le Japon, l’Inde, l’Afghanistan. Avec une plume aussi libre… que le vent.
• Marion Durand, directrice photo

Simona Kossak : Born to be wild, photographies de Lech Wilczek, exposition cet été au festival Cortona on the move
Simona s'installe dans la forêt de Białowieża pour fuir Cracovie et une famille qui ne l'a jamais acceptée, ni compris son seul véritable intérêt, les animaux. Dans cette solitude, elle reprend son souffle. Mais cette paix est interrompue par l'arrivée de Lech, un photographe de Varsovie qui lui aussi fuit la ville. Ils finissent par vivre sous le même toit par hasard ; d'abord des disputes, puis une histoire d'amour qui dure 36 ans, durant laquelle ils se consacrent à la forêt qui les entoure. Simona devient biologiste, docteure en foresterie et militante pour la conservation de la nature. La maison se remplit de présences extraordinaires : un corbeau qui vole chapeaux et portefeuilles ; un renard qui dort au pied du lit ; deux élans qui choisissent Simona comme mère ; un sanglier qui la suit partout ; un lynx orphelin, accueilli comme sa fille. Cette exposition est un hommage à un mode de vie sauvage, doux et indomptable.