AU SOMMAIRE
• « Je suis une fille de l’amour et de la guerre », une interview de Golshifteh Farahani, marraine du numéro.
• « Un mal irréparable », un extrait inédit du prochain roman de Lionel Duroy.
• En Israël, la guerre est une arme de séduction massive, par Federico Vespignani.
• « De l’Ukraine à la Palestine, l’occupation est un crime », une correspondance entre Artem Chapeye et Karim Kattan.
• En Ukraine, Kyiv kiffe l’amour, par Tetyana Ogarkova et Volodymyr Yermolenko.
• Noubia, ma tante prostituée dans l’Algérie coloniale, par Mohamed Bourouissa.
• Sur la piste des tueurs de Bonheur, par Léna Mauger.
• Les mariés de Sarajevo, par Sanela Klarić.
• Comment survivre dans un monde sans démocratie ? Chercheurs et activistes répondent :
- « Les animaux votent avec leurs pattes », une interview d’Odile Petit.
- « Défendre ce qu’on aime » Dominique Schnapper, interviewée par Laure Adler.

“Aimer, c’est résister”
L’actrice iranienne Golshifteh Farahani dit appartenir à une « génération brisée ». Fille de l’amour et de la guerre, elle a grandi avec la révolution et le conflit Iran-Irak. Exilée à Paris, elle défie le régime islamique à distance. Elle l’affirme : « La guerre, la dictature sont le territoire du mensonge. L’amour, celui de la vérité. »

En images : dans les pas de la jeunesse iranienne
Photographe iranien né en 1988, Hashem Shakeri travaillait en Afghanistan lors du meurtre de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022. Il rentre alors à Téhéran pour participer au mouvement «Femme, Vie, Liberté». Sa rencontre avec Reyhane, une jeune fille de 17 ans qui veut s’émanciper des diktats religieux, lui ouvre les portes de la «Gen Z». «Reyhane a profondément bouleversé les préjugés que j’avais sur ces adolescents. Alors que le soulèvement se poursuivait, j’ai commencé à chercher la révolution dans la vie de Reyhane et de sa génération. Car s’il n’y a pas encore eu de révolution politique, il y a eu un grand changement social. Et chaque famille a vécu une révolution.»
Sur Tinder, faites la guerre, pas l’amour
Pour trouver l’amour ou une relation d’un soir, des combattants israéliens déployés dans la bande de Gaza posent pour des applis de rencontre, armes à la main, au milieu des immeubles en ruine des civils palestiniens. Le photographe italien Federico Vespignani a passé des mois à chercher sur la Toile les profils et les images de trois mille d’entre eux, qui racontent la militarisation de la société israélienne et la déshumanisation des Palestiniens.

Un soldat nommé désir
Déserter. Fuir cette guerre insensée. Voilà le rêve du jeune Velibor Čolić, écrivain, quand il est enrôlé en avril 1992 comme soldat croato-bosniaque lors de l’invasion de la Bosnie par l’armée fédérale yougoslave. Sur les champs de bataille, fuir, c’est aussi se souvenir des étreintes amoureuses. Ou la libido comme résistance.

Les mariés de Sarajevo
Leur photo a fait le tour du monde. Sanela et Emir Klarić se sont mariés pendant le siège de Sarajevo, en 1995. Le photographe de Reuters Danilo Krstanović, décédé en 2012, a capturé ce moment. Sanela Klarić raconte les coulisses.

Amour, bordels et colonies
Prostituée dans l’Algérie coloniale, Noubia Meyer passait des armes aux combattants de l’indépendance. Elle a exercé à Paris, à Bruxelles puis en Allemagne, faisant vivre une partie de sa famille. Elle s’est confiée avant de mourir, en 2022 à 80 ans, à son neveu, l’artiste Mohamed Bourouissa.

“De l’Ukraine à la Palestine, l’occupation est un crime”
Les correspondances de Kometa sont nées du désir de faire dialoguer les écrivains. Originaire de Bethléem, le Palestinien Karim Kattan, avait été touché par une tribune d’intellectuels ukrainiens en soutien aux Palestiniens. Parmi les signataires, l’Ukrainien Artem Chapeye, engagé sur le front. Dans leurs échanges, il est question de marche à pied, d’invasions, de murs et d’une vallée disparue où l’on cueillait des roses sauvages.
Kyiv kiffe l’amour
Le couple d’universitaires et de journalistes ukrainiens Tetyana Ogarkova et Volodymyr Yermolenko racontent, depuis leur pays en guerre, des histoires d’amour.

Les tueurs de Bonheur
Valentina a grandi à Chtchastia, une ville ukrainienne du Donbass prise par les Russes, dont le nom signifie «bonheur ». Léna Mauger remonte la piste de ses tueurs, une plongée dans le gris de la guerre, entre désir de défendre sa patrie et compromissions avec l’occupant.
Résister, mode d’emploi
Les adversaires de la démocratie font sauter des digues. Populismes, trumpisme, «fake news» et manipulations ciblent la liberté, le respect du droit et des frontières. Mais il n’est pas temps de déprimer. Dominique Schnapper et Sophia Rosenfeld analysent l’état de la démocratie, l’éthologue Odile Petit explique comment les animaux la pratiquent. En prime, dix pistes pour résister comme au Bangladesh, en Serbie, en Syrie, au Soudan, en Chine, en Iran en Turquie et ailleurs.

En images : la révolte des jeunes serbes
Découverte sur Instagram, la photographe serbe Tijana Krupež a été happée par le mouvement étudiant prodémocratie et anticorruption qui secoue son pays depuis la mort de seize voyageurs dans l’effondrement d’un auvent dans la gare de Novi Sad le 1er novembre. Elle raconte: «Nous restons ces jours et ces nuits éveillés, en procédant à des roulements. Le temps qui passe est pour chacun d’entre nous rempli d’attention, d’harmonie, d’amour et de peur – et toutes les beautés qu’apportent ces moments de rassemblement sont si grandes que cela me semble être la huitième merveille du monde.»

Ce numéro 8 de Kometa, «Guide de survie dans un monde sans démocratie», est disponible en librairie et sur notre boutique kometarevue.com
La comète de la semaine
À écouter ce soir sur RFI, à 19h10 heure de Paris : Léna Mauger, rédactrice en chef de Kometa, intervient dans l'émission Accents d'Europe de Juliette Gheerbrant et Frédérique Lebel pour évoquer sa série en deux épisodes (parus dans les Kometa 6 et 8) «Les enfants perdus de Bonheur», sur une bande d'adolescents qui ont grandi dans la ville ukrainienne de Chtchastia, une ville du Donbass dont le nom signifie «Bonheur». Leurs destins croisés racontent dix ans d’invasion russe, une jeunesse fauchée par l’insatiable désir d’empire de Poutine.